O, vous que vous montrez attentif à nos plaintes
Qui nous rendez l’espoir & dissipez nos craintes.
Vous qui calmant les maux de ce temps rigoureux
Nourrissez dans sa peine un peuple malheureux.
Citoyen bienfaisant, sage LA PORTERIE.
Vous vous montrez en nous l’¡ami de la Patrie ;
Si un vulgaire obscur vous étendez vos soins,
Et votre humanité veille sur nos besoins !
Hélas nous gémissions ! Notre foible salarie
Ne pouvait nous suffire à notre nécessaire ;
La faim cruelle en nous éteignant la vigueur
Etendoit sur nos traits sa livide pâleur ;
Nos enfants comme nous privés de subsistance,
Venoient dans notre sein gémir de défaillance :
Nos entrailles pour eux s’attendrissoient en vain,
Le prix de nos travaux ne trouvoit plus du pain !
(2)
Citoyens malheureux & déplorables pères ;
Nous allions arriver au comble des misères
Sur un triste avenir déjà nous frémissions,
Les champs ne donnoient point leurs tardives moissons,
Et l’or nous enlevoit ces dons de la nature,
Ces fromens dont nos mains ont aidé la culture !
O Vous , qui les rendez à nos besoins pressans,
Et soulagez ainsi nos travaux languissans,
Recevez notre amour & la reconoissance
Qui doit de ce bienfait ètre la récompense :
Dans notre obscurité nous n’avons que nos cœurs
Qui puissent satisfaire à de telles faveurs ;
Si de la pauvreté la riguer importune
En naissant nous priva des dons de la nature
Dans nos ames au moins elle laissa ce bien
Appanage de l’homme & de tout citoyen ;
L’amour qui trop souvent languit sous l’opulence
N’en est que plus sincere au sein de l’indigence,
Il se conserve pur en nos simple esprits ,
Et des moindres présens il est oujour le prix :
Celui que vos bontés ont gravé dans notre ame
Y doit être immortel, y vivre en traits de flamme.
Jouissez du plaisir sublime & généreux
De vous être attiré les cœurs des malheureux :
Entendez leurs transports & voyez leur hommage
Respecter en tous lieux, bénir votre passage.
Heureux sont les sujets ! plus heureux sont les Rois
Qui du Gouvernement confiant les emplois
Peuvent ainsi remettre en des mains secourables
L’exercice sacré de leurs Lois équitables !
Puisse bientôt Louis, sur ses tendres sujets
Entendre publier & vanter vos bienfaits !
Dans vos soins généreux Vous l’imitez lui-même,
En voulant le bonheur du bon peuple qu’il aime.
Sujet donné en Réthorique, au Collège de Cambray,
le 18 juillet 1770 par M. Coupé, professeur.
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