Citations sur Fénelon et la cosmopolitique dans: Belissa, Marc, Fraternité universelle et intérêt National (1713-1795). Les cosmopolitiques du droit des gens. Paris, Éditions Kimé, 1998.
Pp. 20-21.- Fénelon et Vauban comme partie du “premier libéralisme”.
“ Les souverains ne sont pas étrangers à cette réflexion. Pour leurs propres besoins, ils construisent des instruments nouveaux. Le droit de la guerre, des ambassades et des traités, est une réponse, à la fois empirique et théorique, aux nouveaux enjeux de la « politique ». La diplomatie s’organise en fonction du besoin accru de relations permanentes entre les États. Le monopole de la violence, que les monarches européens s’efforcent de réaliser, est conçu par les théoriciensdela souveraineté absolue comme un élement de la pacification des sociétés.L’equilibre des forces ets le pendant nécessaire de la souveraineté des États : il est la réponse au danger de « monarchie universelle ».La guerre est au centre de la construction idéologique absolutiste, la travail de « déconstruction » de l’idéologie guerrière opéré à la fin du XVIIe siècle par le « premier libéralisme » de Fénelon et de Vauban est donc une attaque contre l’absolutisme. Cette remise en cause du « roi de guerre » provoque l’émergence d’un « opinion publique » fondée sur la valeurs de paix et de bonheur des nations »
Pp. 42-43.- Coment prévenir la guerre.
Belissa parle d'oeuvres comme:
Projet pour rendre la paix perpetuelle en Europe de l’abbé de Saint-Pierre.
Mémoires sages et royales, Oeconomies d’Estat, domestiques, politiques et militaires de Henri le Grand, de M. Merle, 1638.
Le Nouveau Cignée, d’Eméry de Cruce ( 1623)
« L’auteur propose la création d’une diète permanente de conciliation des conflits à Venise. Elle constituerait une amphictyonie des princes dans laquelle la préséance serait determinée par la souveraineté et la puissance. Crucé rejete l’idée de paix chrétienne contre les peuples non européens. Une véritable paix ne peut se construire sur l’extermination d’autres peuples, car la société humaine est un corps dont tous les membres ont une « sympathie ».Il réclame d’ailleurs un pacte qui engloberait les Turcs, les juifs et même les Païens. En 1693, William Penn, le réformateur quaker, propose, lui aussi, un « essai sur la paix présente et future en Europe ». La representation des souverains serait proportionelle à « l’estimation du revenu national annuel de leur pays respectif ». L ‘Assemblee se reunirait quand les souverains le jugeraient nécessaire et traiterait publiquement des problèmes qui n’auraient pas trouvé de solution bilatérale. Penn délègue à cette diète le droit de contraindre ceux qui se refusent à l’arbitrage. Les mêmes thèmes réapparaisent chez Fénelon ; qui écrit, en 1701, un mémoire sur Les moyens de prévenir la guerre ». p. 43.
[Nota bene : Ce texte de Fénelon n’est pas inclus dans : Écrits et lettres politiques, Paris, Éditions Brossard, 1921]
Pp. 50-51. La terre patrie commune de l’humanité.
« On sait que que le mot « patrie » devient d’un usage commun au XVIe siècle et , dès la fin du XVIIe siècle, on peut repérer chez La Bruyère ou chez Fénelon les sens politique de la patrie que les Lumieres vont propaguer. La « patrie » n’est pas un lieu géographique, mais un espace politique. « Il n’y a pont de patrie dans le despotique, écrit La Bruyère, d’autres choses y supléent : l’intérêt , la glorie, le service du prince ».[ Note 2, p. 50: La Bruyère, Les caractères, Paris, Gallimard 1975, chapitre C, p. 205]. Fénelon étend la patrie à l’ensemble du genre humain : il affirme que « chacun doit infiniment plau au genre humain, qui est la grande patrie, qu’à la patrie particulière dans laquelle il est né ; il est, donc infiniment plus pernicieux de blesser la justice de peuple à peuple, que de blesser de famille à famille dans la République(…) toutes les guerres sont civiles ; car c’est toujours l’homme qui répnad son propre sang » [ Note 3, p. 50 : Fénelon, Dialogues des Morts, textes choisis, Paris, Actes Sud, 1994, p. 79-80]. Il récuse le zèle exclusif pour sa patrie, et conquerant injuste contre un peuple voisin, sans songer que la terre entière n’est qu’un seule patrie commune, où tous les hommes des divers peuples devraient vivre comme une seule famille » [ Note 1, p. 51 : Idem, p. 44].
P. 64. Les sources du bonheur des nations.
« Le bonheur et la «richesse » d’une nation dépendent-ils de la ruine des autres ? Le commerce de puissance, tel qu’il était conçu au XVIIe, produit-il une véritable croissance ? Le mercantilisme était fondé sur une économie de puissance et d’enrichissement basée sur la lutte armée, « du fait de relations concçues comme inévitablement belliqueuses avec les pays limitrophes » [ Note 1, p. 64, S. Meysonnier, La Balance et l’Horloge, op.cit., p. 25]. Le libéraux égalitaires étudiés par S. Meyzzonier ( Cantillon, Melon Gournay) se situent dnas la mouvance intellectuelle des « libéraux » du XVII e siècle ( Vauban, Fénelon) et sont proches de l’abbé de Saint-Pierre et du club de l ‘Entresol. Ils proposent une rupture avec le mercantilisme. Les voies de la prospérité ne reposent plus sur la ruine des voisins, mais sur la liberté des relations commerciales avec ceux-ci. Le commerce cesse d’être un champ d’antagonismes naturels pour devenir un espace sociale de réciprocité. Le commerce apparaît comme une forme « civile » de relations para opposition à la forme « incivile » de la « politique » des gouvernements. Comme le dit Melon, dans une formule qui fait fortune, « l’esprit de conquête et l’esprit de commerce s’excluent mutuellement dans une nation ». La paix est donc la condition du développement économique et social des peuples ».
P. 85. Contre la monarchie universelle, une République générale.
« La « monarchie universelle » est la forme ultime de despotisme. Non content d’enchaîner son peuple, le postulant à la « monarchie universelle » veut encore faire porter des fers aux autres nations et faire disparaître tous les asiles de la liberté. Tous les moyens sont bons pour y résister : ainsi Fénelon légitime toutes les alliances, offensives ou défensives, contre une puissance « qui aspire manifestement à la monarchie universelle ». Les États doivent « pour leur sûreté particulière autant que pou l’intérêt commun, faire une espèce de société et de République générale » [ Note 2, p. 85 : Fénelon, Supplément à l’exament de conscience dans Écrits et lettres politiques, Paris, 1981, p. 79.]. La constitution de cette Res publica est même pour l’evêque de Cambrai un devoir moral envers le genre humain. Cet espace « politique » public a besoin d’une organisation qui assure sa défense : c’est le rôle de la ligue federative. Ce concept est très souple. Il ne s’agit pas forcément d’une organisation supra-nationale, mais simplement de la matérialisation sous des formes diverses de la volonté de réunir les États en vue du bien commun. « L’équilibre des puissances » est donc un concept essentiellement défensif pour les « libéraux » de la fin du XVII e siècle. Il ne s’agir pas de faire l’apologie d’un équilibre mécanique de froce, mais de garantir la liberté de l’Europe grâce à une ligue « féderative » qui passe par la densification des liens de droit public entre les États. L’equilibre des puissances ne rêvet donc pas le même sens dans le discours des Lumières et dans celui de la Raison d’État du XVII e siècle. »
Pp. 99-100. Frontières naturelles ?
« Dès la fin du XVII e siècle, les politiques qui font refèrence aux frontières naturelles les envisagent comme des bornes à la manie des conquêtes qui s’est emparée de Louis XIV. Ainsi Fénelon rejette les conquêtes de points d’appui stratégiques, sous le prétexte de la sécurité du royaume, car « par les convenances, on ira de proche en proche jusqu’à la Chine » ( Note 1, p. 100 : Fénelon, Examen de conscience sur les devoirs de la royauté, dans op.cit. p.58). »
Pp. 105. Contre la diplomatie professionelle.
« L’idée même d’une « profession diplomatique » d’État est un objet d’horreur pour Fénelon qui y voit une sorte « d’esprit de corps », alors que la négotiation nécessite avant tout une personne dont la réputation soit sans tâche. [Nota 2, p. 105 : Bély, Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, op.cit., p. 312] ».
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